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lettre ouverte à Maël de Calan

Mardi 1 février 2022

Lettre ouverte à M. Maël de Calan

Monsieur le Président

En votre qualité de Président du Conseil Départemental, vous connaissez les mesures prises par le Gouvernement l’an dernier pour allonger la durée de la trêve hivernale pour les expulsions de logement.
En 2020, cette trêve avait pris fin le 10 juillet, et en 2021 elle s’est terminée le 1er juin. Cette décision de report, empreinte d’humanité, venait en réponse aux demandes justifiées de la Fondation Abbé Pierre et des organisations humanitaires présentes sur le terrain.
En ce début janvier de cette année, les représentants d’associations venant en aide aux plus démunis, et agissant dans un esprit républicain, sans discrimination, se sont émues de la situation dramatique de jeunes migrants, mineurs étrangers, venant de faire l’objet d’une procédure d’expulsion en pleine saison hivernale.
Elles ont ainsi appelé à une manifestation pacifique le 12 janvier qui a rassemblé 80 personnes devant les locaux du Conseil Départemental que vous présidez.
Il convient de rappeler que plusieurs de ces mineurs étrangers ont entrepris un parcours de formation à des fins d’intégration.
Vos responsabilités d’élu vous ont amené à connaître les difficultés de recrutement que subissent nombre d’employeurs en Finistère dans divers secteurs, et qui n’ont pas d’autre recours que la main d’œuvre d’origine étrangère.
Dans ce contexte, une position d’écoute et de bienveillance était attendue de votre part, pour trouver une solution conforme aux valeurs républicaines, que tout citoyen français et ses représentants doivent défendre en toutes circonstances.
La qualification de « groupuscules d’extrême gauche » officialisée par le Conseil Départemental, pour présenter les représentants d’associations humanitaires, d’organisations de soutien et les citoyens présents, tous animés par le seul esprit de fraternité envers des jeunes migrants sans défense, jetés à la rue comme de simples objets, doit-elle être attribuée à votre manque d’expérience à ce niveau de responsabilités, ou à une volonté de dénigrement ?
Il est certain qu’au niveau national, le cas du faible nombre de migrants mineurs présents en France devient un sujet d’instrumentalisation politique, comme si ces mineurs représentaient la cause de nos propres maux…
A cet égard, Il est navrant par ailleurs de constater que soit stigmatisée par une candidate à la présidence de la République, quelques milliers de mineurs étrangers isolés sur le territoire national, dont la présence ne représente en aucune manière un danger pour la République. Par comparaison, l'Allemagne s'apprête à régulariser la situation des migrants présents dans le pays depuis 5 ans. https://www.lejdd.fr/International/Europe/immigration-voici-le-modele-en-allemagne-porte-par-la-nouvelle-coalition-au-pouvoir-4079457
Mais personne ne peut ignorer que chaque époque de notre histoire a connu ses « boucs émissaires ».
Il appartient justement aux responsables politiques d’envergure de s’élever au-dessus de la médiocrité contagieuse pour redonner confiance dans l’action politique. L’histoire de notre pays est riche de références illustres dans ce domaine.
Souhaitons qu’à l’avenir vous puissiez, vous aussi, Monsieur le Président, emprunter les chemins qu’ils ont tracés.

Le temps partagé et des citoyens