Témoignages

Florence, membre de l'asso

C'est un article du Télégramme qui nous a alertés sur le sort des MNA à Quimper. Des enfants, des ados, jetés à la rue: comment  rester dans sa zone de confort en simple spectateur?

Leur existence a suffi à nous mobiliser....

Nous avons très vite accueilli 1 jeune ivoirien et 1 jeune malien. L'Afrique est entrée à la maison et nous en sommes très heureux. Mais accueillir ne suffit pas. Car accueillir sans consolider la pérennité de leur devenir en France ou ailleurs n'a aucun sens. Le temps partagé a donc mobilisé ses ressources humaines pour les épauler et nous décharger.
Aujourd'hui, Vicky est scolarisé en lycée professionnel tandis que Kande se concentre sur l'apprentissage de notre langue afin d'être peut-être scolarisé à la rentrée prochaine.

Ils sont tous deux suspendus à une décision du juge d'appel sur la reconnaissance de leur minorité qui sera déterminante pour leur avenir...

A, mineur et mis à la rue raconte:

Lorsque je me suis retrouvé à la rue c’est un éducateur de rue qui a appelé une dame pour venir me chercher. C’était le soir, il faisait froid et je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient.

Je suis allé dormir chez elle, l’avocat m’avait expliqué que cela ne durerait qu’une semaine. La dame travaillait et je restais seul chez elle. Je n’étais pas tranquille, je ne savais pas ce qui allait m’arriver. J’avais peur de me retrouver encore à la rue.

Puis j’ai commencé les cours donnés par les bénévoles pour apprendre à parler et à lire. Les cours m’ont beaucoup aidé pour mieux comprendre les gens.

Je suis aussi devenu bénévole au secours populaire, j’étais content d’aider les autres.
Les mois ont passé, et je me demandais chaque jour ce qui allait m’arriver. Je n’osais pas parler de peur de dire quelque chose qui n’allait pas.

Puis l’association m’a inscrit en CAP cuisine. Cela m’a fait vraiment très plaisir. Moi, qui n’aie pas eu la chance d’aller à l’école avant. Moi, que mes parents ont mis chez un marabout, obligé de mendier dans la rue et de ramener de l’argent et de la nourriture, c’était pour moi un très beau jour.

L’école m’a permis de penser à autre chose que le passé, ce passé qui me faisait mal à la tête quand je ne faisais rien. Fini les idées noires de l’Algérie, du Maroc et de mon enfance.

L’école m’a permis de rencontrer des gens sympas, de commencer à apprendre un métier, et surtout de m’améliorer en français. Parfois c’est difficile surtout dans certaines matières comme l’anglais, l’espagnol, mais je continue à travailler dur pour apprendre.

Aujourd’hui je viens de recevoir l’ordonnance de placement par le juge des enfants, je suis vraiment très content. Je l’ai lu et relu et j’ai encore appris des nouveaux mots. Cela me donne du courage pour continuer mes études.

Je voulais remercier la dame qui m’a hébergé et le Temps Partagé pour tout: l'inscription au lycée, les cours, le soutien, les papiers ( passeport,...) et les démarches avec l’avocat,  les sorties en famille et les activités avec d’autres mineurs.

Merci encore à tous.